le jour où j’ai rencontré Isabelle Filliozat…

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Je papote sur le net . Il est presque minuit.
Par curiosité, je vais sur son site et je regarde les dates des conférences.
Ce bled ??? Mais… mais c’est à 20 minutes de chez moi ça !!! PA-NI-QUE !
C’est gratuit et ouvert à tous. Re PANIQUE ! viiiiiteeee !
Yeux doux de chat potté au papa, oui il gardera les garçons.
Ouverture des derniers cartons de déménagement en vue de trouver le Graal, qui a pris la poussière. Je le tiens. « Au coeur des émotions de l’enfant », édition poche ! Ouf !
9h30. Devant une salle blindée. Quelques hommes qui se demandent ce qu’ils font là, des biboux en poussette, une ambiance agréable. Toutes les assmats de la région ! Y a du people et du flash qui crépite. Au bout de la table de dédicace, celle qui a donné un élan à la bienveillance, à l’écoute de l’enfant, à l’amélioration de sa compréhension aussi, Isabelle Filliozat ! Wouah !
Je suis comme une ado de 15 ans devant un One Direction ! Je tends mon livre et je la remercie. Pour tout. Je me sens bête. Je voudrais la kidnapper, l’emmener chez moi et lui poser des questions sur chaque geste que je fais au quotidien ! Je rigole en m’imaginant lui demander de faire un selfy.
Elle monte sur l’estrade et nous demande de nous regrouper en groupes de 6. Panique dans les rangs. Quoi ? faut se parler en plus ?? Trouver toutes les 6 une question. l’écrire sur un papier. La soumettre. 3 Assmat, 1 EJE, 1 directrice d’assos… et une maman de jumeaux. La question notée sera « Les particularités de la rivalité entre jumeaux et l’impact des éducateurs dans ces démonstrations ».

première question tirée du chapeau. Le show commence. « Comment gérer une colère et rassurer l’enfant ». Magique. Je vous livre mes notes.
La colère a forcément une cause. Quand la casserole de lait déborde nous avons le choix entre mettre un couvercle (poser des limites, s’énerver…) ou baisser le feu et calmer les choses « le temps de ». Que penseriez vous si lors d’une colère votre mari vous mettait dans votre chambre punie ? La colère n’a pas besoin être GEREE. Elle a besoin d’être entendue (par un cerveau adulte). L’enfant lui ne sait pas forcément que cela porte le nom de colère. Il peut donc dire « je suis en colère » sans forcément l’être. C’est le cerveau adulte qui donne un sens à ce qui se passe.
Ex: l’enfant est précipité le matin, tout le monde est en retard, stress total, dépêche toi dépêche toi alors qu’il aurait plutôt envie de nourrir son affectif. Arrivé à l’école, à défaut d’affectif, il va se nourrir de pouvoir. Il va être turbulent, embêter les autres, courir partout, faire le chef. A la sortie, c’est la crise. Pour n’importe quoi. Tout le corps est mobilisé, les muscles les nerfs les hormones. Quand maman arrive, l’enfant lâche enfin la pression. Maman se sent alors coupable. Elle se dit que c’est n’importe quoi et qu’elle doit poser des limites à cet enfant. L’enfant apprendra alors qu’il faut refouler ses sentiments. Tout le temps.

Or la colère et le stress ce ne sont pas les mêmes choses. Le stress est une réponse spécifique qui se traduit par l’attaque (l’enfant hurle), la fuite ou le figement. Ce que l’on appelle colère est souvent l’attaque due au stress. En cas de crise pour un détail, comme à la sortie d’école, il est inutile de mettre des mots. Il faut un retour au calme d’abord « oh dis donc tu as eu une bien mauvaise journée » ! Puis aller décharger le stress en courant au parc par exemple. Le figement lui est un cortège d’hormones qui bloque tous les muscles. L’enfant n’écoute plus, n’avance plus, il se bloque. Les coups portés à un enfant ne font pas mal. Il ne ressent déjà plus rien. Il est comme une souris qui fait la morte sous les griffes du chat. Il est déjà mort.

L’émotion elle c’est de la chimie. Il y a un déclencheur spécifique (danger, deuil, réussite…). C’est une tempête électrique dans le corps de l’enfant.

On arrête une crise de stress en prenant l’enfant sur notre jambe en position chevalier, l’enfant tourné face au monde, on presse son ventre et on lui demande de crier. Un cri pour se vider. On l’aide à se libérer. Dans notre société on ne décharge pas, on ne se libère pas, le stress est permanent. L’émotion n’est pas la décharge; elle est la libération de l’émotion. Si on bloque la décharge, elle reste à l’intérieur. L’enfant apprend alors à gérer comme il peut sa frustration.
Ex : au supermarché : bah non ce n’est pas un lieu pour les enfants… Il va vider sa jauge en quelques secondes car c’est un lieu très stressant.

La vraie colère elle, est l’arrivée d’un petit frère par exemple. Il faut vraiment l’entendre. Elle est bcp moins visible que la crise de stress. l’enfant mesure l’amour au temps partagé avec la personne. Il faut mesurer donc cette émotion. L’empathie uniquement ne servira à rien « oh oui mon bouchon je te comprends c’est dur »… il faut aussi vivre les choses ensembles après « viens on va passer du temps tous les deux » .
On parle souvent de rassurer l’enfant. Mais c’est une interprétation d’adulte. L’enfant n’a pas besoin d’être rassuré. Il n’a pas besoin qu’on interprète. Il faut juste accueillir et remplir le réservoir. L’enfant a une conviction très forte « maman ne m’aime plus elle préfère mon frère » et réassurer glisse sur cette conviction comme sur un galet. Il faut d’abord faire ressortir le petit poison et leur apprendre à mettre des mots « Tu as raison, c’est possible que maman t’aime moins (au sens moins de temps pour toi), Comment pourrais tu être sur qu’elle t’aime toujours ? faire un dessin ? ok allons dessiner ».

Deuxième question Les divergences entre les parents sur l’éducation à donner (ça vous parle ?!) Très souvent le papoune est un peu autoritaire et la maman un peu plus bienveillante. Les personnes naturellement bienveillantes sont celles qui ont été équipées pour gérer les besoins de l’enfant, de manière naturelle. L’enfant pleure en tendant les bras, elles sourient et le prennent en l’embrassant.
Les personnes autoritaires pensent qu’on va leur casser leur autorité en agissant ainsi, que cela ne tient pas sur quelque chose de solide et ont besoin d’être soutenues. Face à un enfant qui pleure, elles vont s’énerver pour que cela cesse, car ça leur provoque un profond état de stress et un rejet. Elles fuient,ou se figent (« je ne suis pas bisou ») ou attaquent pour reprendre le pouvoir (sur elles mêmes) « oh arrête de pleurer va dans ta chambre  » (= éloigner la source de stress).
Face à de telles personnes, il ne faut pas juger. Ni gronder, ça aggrave le stress. Il faut que celui dont le cerveau est mieux équipé en matière de tendresse soit gentil, presque admiratif, et chaleureux, pose une main sur l’autoritaire et l’encourage à calmer son stress. Il va se débattre (avec sa propre histoire) mais les récepteurs d’ocytocine se réparent. Courage donc !

3e question : Que faire quand l’enfant mord/tape (j’ai cru que j’allais pleurer de joie !)
Un enfant qui mord ou frappe a toujours des raisons. En général il manque de langage ou d’habileté sociale pour exprimer des choses simples type « pousse toi du toboggan ». Il voit que mordre marche donc il continue. Tout simplement. Il mord tous les jours ses jouets alors pourquoi pas un petit bras potelé à portée de dents ? Il doit donc apprendre non pas à ne pas mordre, mais à réussir à obtenir SANS mordre ! C’est un moment crucial. On lui apprendre d’autres habilités sociales. Ce n’est pas de l’agressivité. C’est un manque de « cause/effet ». Pour lui c’est juste une association de fait. A 3 ans, l’enfant n’est pas en mesure d’élaborer des plans sadiques. Il a peur et en plus ça crie, ça pleure autour de lui. Il va par réaction refaire son geste pour s’assurer que c’est bien CE geste qui a provoqué ça. « Est ce bien ça qui vous fâche ? » re-croc ! Au lieu de le regarder et de dire « tu vas voir il va le remordre » il vaut mieux réorienter l’enfant avant ou s’occuper du mordu. Au moins le mordeur apprendra quelque chose, et ne sera pas sous les cris.

4e question « comment aller récupérer son enfant en fin de journée ? » 
Petit film très intéressant dont voici le lien 

L’enfant a le réservoir vide, il ne veut plus lâcher le parent, il le suit comme un petit canard. Il faut pouvoir donner à l’enfant un ancrage (comme un bracelet magique) pour qu’il puisse lors de sa journée avoir de l’amour et de l’ocytocine « à distance ». Il faut également faire attention aux transitions entre les activités ! On ne dit pas « allez dépêche toi on y va ». On entre dans la journée de l’enfant « oh tu joues ? tu me montres et après on y va ? » Rien n’est une contrainte (quelle horreur). Tout est un jeu. Le bain, le dodo, rien n’est pénible. Si on le vit comme une contrainte, alors l’enfant le vivra également. On ne dit pas « il faut sortir par là » on dit « la sortie est par ici ». Ca parait bête mais c’est très efficace. C’est ça le job d’un parent : faire de la vie et de ses limites, un jeu.Si vous vous indignez parce qu’il dit non à tout, posez vous la question si dans 15 ans, quand il dira oui aux cannabis par exemple, vous ne regretterez pas les non de l’enfance ? il doit apprendre à dire non, il doit avoir un libre arbitre, un avis, des choix. Il est une personne à part entière. Les enfants aiment l’ordre, la routine, les choses établies ! Utilisez donc ca pour lutter contre l’anxiété et l’angoisse. L’enfant suivra beaucoup plus facilement. En grandissant on pourra écrire également la routine sur le mur. Ils aime la SECURITE ! Et la sécurité, c’est vous !
Nous sommes des porte avions. L’enfant vole et revient sur le porte avions pour se remplir d’essence et d’amour. Et il partira voler de plus en plus loin. Il aime venir s’assurer que sa place sur le porte avions est tjrs libre (que vous soyez au téléphone ou aux toilettes). Il n’est pas en compétition il ne veut pas vous ennuyer ou vous bouffer,votre précieux temps « pour vous ». il veut juste vérifier. Se rassurer.

Voila. C’est tout pour aujourd’hui. Je vous laisse méditer sur ces paroles et sur cette grande Dame qu’est Mme Filliozat. ❤ Merci…. pour tout.

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7 réflexions sur “le jour où j’ai rencontré Isabelle Filliozat…

  1. Je l’ai également rencontré, cette grande dame, dont on boit les paroles, et avec qui le rire devient communicatif 🙂 Merveilleuse rencontre 🙂 Et j’ai osé lui demandé une photo 🙂 Moi aussi j’étais une ado ^^ merci pour votre article.

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