Fessées, punitions… ce que mes enfants ne connaîtront jamais…

fessee-au-coinSamedi après midi, Supermarché. Des enfants partout. De tous les âges. De toutes les couleurs. Un seul vrai point commun. 8 sur 10 sont battus par leurs parents pour être éduqués. Au moins une fois. Par semaine.
Ces gamins peuvent demain rejoindre les 2 qui perdent la vie en France par jour. Ou peut être pas. Peut être qu’ils grandiront, plus ou moins bien élevés. Certains deviendront pédiatres (et diront aux mamans de laisser pleurer). D’autres deviendront vendeurs, instits, ou juste chômeurs. Et battront leurs enfants pour les éduquer.

Vous pensez que VOUS vous ne battez pas vos enfants ? qu’ils ne risquent rien avec une claque ? Il y a des degrés dans la violence alors ? Vous pardonneriez à votre conjoint une gifle  « parce que ça n’a jamais tué personne » ? un « t’es vraiment une pauvre débile » devant vos copines ?

Si un enfant est battu dans ce magasin devant moi, je n’ai pas le droit d’intervenir par la force. Si c’est une femme ou un chien, je peux. Mais un enfant, lui, peut avoir des coups. Ca n’a jamais tué personne. Ca lui apprend les limites. Ca lui apprend qui décide. Comme ça il sera pas un sombre délinquant sans avenir. Comme ça il apprend la réalité de la vie.
C’est vrai. Pourquoi se remettre en cause ? pourquoi se demander si on peut faire mieux ? pourquoi tenter autre chose puisque une bonne claque et c’est fini ?

Je souhaite de tout mon coeur qu’un jour mon pays rejoigne ceux qui ont compris qu’un enfant ne devrait JAMAIS être battu. Et s’il faut une loi pour que certains comprennent, et bien qu’une loi se fasse. Après tout, si vous pensez que la force apprend quelque chose à votre gosse, alors l’état est en droit d’user de la force non ?

Mais je ne peux pas créer cette loi seule. (Même si je suis loin d’être seule ^^). Je peux juste agir à mon niveau. Avec mes enfants. Et avec les mamans et les papas qui me suivent.

Alors voilà. J’agis. J’écris. Mes enfants ont 21 mois et ils n’ont jamais reçu de fessée, de claque, de gifle, de coup, de martinet, de ceinture et autres horreurs. Ils n’ont jamais été puni, enfermés dans une pièce à part, mis sur une chaise de force. Ils n’ont jamais été traités d’idiots, d’imbéciles, de ptits cons, de monstres.

Et pourtant, les limites et les règles ils les connaissent. Ils connaissent le « non ». Ils connaissent le respect. Ils ont confiance en eux, assez pour se défendre contre le monde de merde dans lequel visiblement ils sont destinés à vivre.

Ah mais ils sont encore petits ? et bien, rendez vous dans 20 ans. Parce que je ne compte pas les frapper ou les punir. Jamais. Parce que je ne supporterai pas que mon mari me le fasse. Que je le fasse à ma mère, qu’on le fasse à une personne qui ne peut pas se retourner contre son agresseur.

Je suis peut être « un bisounours » comme vous dites. Mais moi j’ai juste pitié de vous. Je n’ai pas de haine en fait. Je trouve ça triste de ne pas pouvoir se remettre en cause. Au moins y réfléchir. Lire ce que j’ai lu. Se faire un avis. Et pas juste prendre ce que l’on a connu et suivre le schéma comme un mouton.

Pour l’instant chacun fait comme il veut. Mais la vérité c’est surtout que certains font l’effort de faire « mieux », du moins « au mieux ». Et ça change tout. Quand vous voyez un père de 90 kilos frapper sa fille de 5 ans dans un magasin, vous pensez vraiment que c’est un homme un vrai ? A t’il l’air noble et sympa ? Intelligent et éduqué ? Ouvert d’esprit et tolérant ?
Moi il me fait pitié. Car pour ne trouver que ça comme solution, faut vraiment être sans ressources.

Mon compagnon et moi, des ressources on en a. Pleins. Et on en est fiers. Et mes enfants aussi, un jour, en seront fiers. Plus que de se retrouver en plein magasin avec les fesses en feu.

Le Conseil de l’Europe a condamné la France. Ce n’est pas grand chose. Mais ça nous permet d’en parler. Et quand je lis certains commentaires, j’ai envie de vomir. Je pense à tous ces enfants qui vivent avec des parents capables d’écrire de telles choses. Je pense très fort à eux. Car ce que mes enfants ne connaîtront jamais, eux, c’est leur quotidien.

13 réflexions sur “Fessées, punitions… ce que mes enfants ne connaîtront jamais…

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  2. Alors moi je veux bien un article sur vos ressources.
    Ici j’en manque cruellement.
    Elle se met au coin toute seule quand elle fait une bêtise, ça doit lui permettre de réfléchir et souvent quand elle décide revenir, j’ai le droit à un « pardon maman ».
    Mais le reste du temps, un tempérament de feu, des cris, des pleurs, des non non non, des jeté par terre, a l’aube de ses deux ans c’est de plus en plus fréquent et oui il m’est arrivé de la taper, sur la main ou sur la couche, pour la faire sortir de son état et qu’elle m’écoute, non ce n’est pas la solution mais il arrive des moments ou je ne sais plus quoi faire, sans élan, sans force, sûrement car moi aussi j’en ai eu et malgré avoir tjrs dit que je ne le ferais pas.
    A ma fille, je lui apprend surtout à être douce, faire des câlins, caressé, faire des bisous et je suis souvent choqué en allant chez des personnes, voir les parents donné plusieurs claqués dans la soirée à leur bébé, de grosse fessé ou s’acharner sur leur petite main, je me suis rendu compte que ces enfants la sont ceux qui repousse ma fille quand elle essaye de les enlacer, ceux qui la tape quand elle prend un jouet.
    Notre monde est bien triste.

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    • Y penser, essayer de faire mieux, essayer d’y réflechir, lire quelques ouvrages, trouver des solutions, ce sont déjà des ressources. Vous n’êtez pas dans l’acceptation de cette violence et je trouve ça très positif.
      Je crois que c’est souvent une peur de ne pas gérer, un sentiment de frustration chez l’adulte, une méconnaissance du développement d’un enfant etc… c’est le trio qui fait qu’on craque.
      Promis je développerai bientôt comment moi je fais.
      bon courage en tout cas, et dites vous que c’est cette petite fille qui souffre de ne pas encore savoir gérer des émotions aussi nouvelles que fortes (colère, angoisse, peur, stress)… tout ça ça s’apprend, comme manger ou marcher. Ayez de l’empathie pour ses émotions et du courage pour lui apprendre à les gérer. Ca ira déja nettement mieux je pense ^^ vous le vivrez deja mieux !

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  3. Il y a un an environ, des amis sont venus manger à la maison. C’était l’heure du dessert et mon grand (7 ans et demi) me demande un kiwi. Je lui répond que je n’ai pas le temps de peler un kiwi maintenant (je m’occupais des cafés, j’étais tellement concentrée que j’ai répondu sans réfléchir).

    Il me regarde et répète : « maman, j’ai envie d’un kiwi … » et mes amis lui coupent la parole, en se « moquant » de haut « oh !!! voilà un petit garçon qui a l’air bien capricieux !!! ». Et oui, on est des adultes, on peut se moquer des enfants, les punir, les rabaisser, leur mettre des claques. On est deux grands contre un petit et on se marre bien !!!

    Mon grand les regarde bien en face et leur répond « mais vous ne me connaissez pas !!! » puis il continue sa phrase comme si de rien n’était « maman, je veux un kiwi, tu peux me donner un couteau s’il te plait ? » (j’étais devant, il ne pouvait pas passer !!!)

    J’avoue avoir été très fière. Il ne s’est pas démonté devant mon refus mais a insisté, calmement, sachant qu’il était dans son droit même si je n’étais pas attentive (ça peut arriver, personne n’est parfait). Il ne s’est pas démonté devant deux adultes qui se moquaient de lui et le prenaient de haut mais les a gentiment remis à leur place sans être mal poli (à la maison, on a le droit de ne pas être d’accord, même avec un adulte). Il a continué tranquillement sa question, a pris son couteau, a mangé son kiwi. Je crois que mes amis pensent désormais qu’il est impertinent. Pour moi, il a été juste : il s’est défendu d’une manière très sage, sans que j’ai besoin d’intervenir, sans perdre son sang froid.

    Je veux que mes enfants aient confiance en moi, qu’ils sachent qu’ils peuvent me dire « maman, tu t’es trompée », « maman, je ne suis pas d’accord », « maman, j’ai cassé un verre », « maman, j’ai perdu mes lunettes ». Je veux qu’ils assument leurs erreurs au lieu de craindre une punition. Et je refuse qu’ils s’écrasent devant des adultes sous prétexte qu’ils sont adultes. Bien sûr qu’on respecte les adultes. Mais on respecte aussi les enfants. On ne les ridiculise pas pour paraître cool. On ne les punit pas parce qu’ils ont perdu leurs lunettes. On ne les tape pas quand on se sent en colère. Et on s’excuse si on se trompe.

    Tu as raison « Le conseil de l’Europe a condamné la France. Ce n’est pas grand chose. » Mais ça fera certainement réfléchir des parents. Une claque, une fessée, une humiliation, c’est banal. C’est la tradition. Alors on n’y pense pas, on fait comme on nous a enseigné. Jusqu’au jour où on apprend qu’il y a d’autres manières de faire. Je souhaite de nombreuses questions dans de nombreux foyers. Dans toute la France. Et même ailleurs 🙂

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    • c’est une très belle histoire que cette histoire de kiwi, ton fils fait preuve d’une grande patience et maturité. De nombreux adultes n’auraient pas su répondre à une agression avec tant de calme :). Tu dois être sacrément fière de lui 🙂

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  6. Mais un adulte on a pas besoin de l’éduquer, un enfant oui.
    C’est ce qu’on me répond quand je dis qu’on a pas le droit de battre sa femme.

    Mais il faut qu’il comprenne les limites.
    Mais il faut qu’il me respecte.
    Mais mais mais mais mais.

    Moi vraiment ca m’enerve !

    Un jour, le jour de l’an (de cette année), un collègue de mon conjoint me sort « moi, si ton gosse fait une connerie devant moi je lui met une fessée, et c’est normal » !
    PARDON ?
    Il faut savoir, je me sure 1m68 et je pèse a peine 35kilos, je suis loin de faire peur.
    Je suis quelqu’un de très empathique, douce et gentille.
    Mais là, c’était trop pour moi.
    Sans enfant, il viens me dire que j’ai râté l’éducation de mon enfant par ce que à 15 mois il ne c’est jamais pris de féssée ? Que je vais « morfler » ? Et que lui n’hésiterai pas a le corriger ?
    J’ai cru à une blague mais non. Il ne c’est pas démonté. J’ai essayer de parler, et même d’aller dans son sens « tu fait ce que tu veux avec tes enfants, mais pas avec les enfants des autres ».
    Mon conjoint à essayer de lui dire d’arrêter mais non, il m’a sortie c’est théorie qu’un enfant avait besoin d’un cadre, que des la naissance il fallait qu’ils comprennent qui c’est qui commande, que certains enfants était foncièrement méchant dès la naissance et qu’il fallait les corriger.

    Je crois que jamais personne ne m’a énervé comme ça.
    Déjà ce genre de propos sont atroces, mais qu’on vienne me dire qu’on aller frapper mon fils on me l’avait jamais sortie celle la !

    Je lui ai répondu calmement, droit dans les yeux « puisque tu ne comprend que par la violence, je vais te montrer le cadre. Touche a mon fils, le jour même je t’étouffe dans ton sommeil. Tu comprend mieux là ? »
    Et bah tout le monde c’est tue a table, je m’en suis voulu, de ne pas avoir réussi a rester bienveillante avec lui, mais j’ai sortie les griffes.

    Je ne sais pas comment les autres mamans auraient réagit, mais c’était quand même gonflé de sa part non ?

    En tout cas ca m’a réconforté, si un mec qui a reçu autant de claques qu’il le prétend me sort ça, c’est clair et net, je m’abstiendrais sur mon enfant 😀

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    • Lou : c’est vraiment horrible, en effet.

      « En tout cas ca m’a réconforté, si un mec qui a reçu autant de claques qu’il le prétend me sort ça, c’est clair et net, je m’abstiendrais sur mon enfant » => la violence sur les enfants, c’est souvent une reproduction de ce qu’on a vécu soi même enfant : on s’est senti tellement impuissant qu’on a besoin de s’affirmer sur qqun,
      Et en plus, opter pour une éducation non-violente, c’est remettre en question l’éduc. que nos parents nous ont donné, et ça c’est hyper tabou dans notre société ! « aime tes parents », « pardonne les », « il n’y a pas de parents parfaits », etc… Donc on est limite « obligé » de reproduire, pour ne pas se rendre compte que nos parents ont été violents avec nous.

      (a lire : Alice Miller – « c’est pour ton bien » et « notre corps ne ment jamais »)

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  7. J’aime beaucoup votre article, quand je lis vos mots, ça me prend à la gorge et j’ai envie de pleurer. En pensant à tous ces enfants qui vivent cet enfer au quotidien : celui d’avoir peur de ses propres parents. Et je suis triste pour la petite fille que j’étais. Des baffes et des fessées, j’en ai pris. Peut-être souvent, peut-être occasionnellement, je ne pourrais pas le dire, tout ce dont je me souviens c’est la panique en voyant un de mes parents lever la main, l’envie de m’enfuir ou de me cacher, mais sachant que ça ne va faire qu’empirer les choses.
    A tous les parents qui sont pour la fessée, j’aimerais leur demander de se souvenir d’une fois où ils ont fait une « grosse bêtise ». Qu’ont-ils ressenti au moment où ils s’en sont rendu compte ?
    Personnnellement, je me souviens de la prise de conscience « mince, ça cest une bêtise », puis de l’angoisse, de la panique qui monte. Je ne peux pas réparer toute seule. Que faire ? Le stress monte d’un cran. Première idée qui me passe par la tête : cacher les dégats. Impossible, maman va s’en rendre compte. Accuser ma soeur ? Je ne sais pas assez bien mentir, on ne me croira pas… Reprendre contact avec l’angoisse et la peur que l’on a ressenties à l’époque nous passe l’envie de faire vivre la même chose à ses propres enfants.

    Et cette angoisse me poursuit encore à l’âge adulte, je ne sais pas réparer quand j’ai fait quelque chose de travers. Combien d’adultes savent reconnaître sans culpabilité mal placée qu’ils ont nui à autrui (la plupart du temps bien involontairement), et peuvent sans honte, sans se sentir humilié aller s’excuser et proposer une réparation ?
    J’aurais tellement aimé avoir près de moi un parent que je puisse aller voir pour expliquer ce qu’il s’est passé, qui puisse accueillir la vérité brute avec bienveillance, sans cris, sans coups, sans humiliation, sans phrase dévalorisante, et aider la petite fille que j’étais à réparer les dégâts. Je n’ai aucun doute que je serais aujourd’hui une adulte moins stressée, moins angoissée, plus à l’aise avec les autres et plus empathique.

    J’ai la chance de vivre aujourd’hui dans un pays qui a interdit tout châtiment corporel il y a plusieurs décennies et je vois le résultat au quotidien sur les jeunes adultes et enfants qui m’entourent. Ils sont plus sûrs de leurs capacités, plus à l’aise avec les adultes, sans être insolents et plus à l’écoute des besoins des plus petits, que la plupart des petits français que je connais.
    Ce qui m’encourage d’autant plus à ne jamais, jamais être violente envers ma fille, je m’en veux déjà assez quand je crie parce que je suis stressée. Mais Dieu sait si c’est difficile quand on a soi-même reçu cris, coups et moqueries. C’est tellement difficile de débrancher cette petite voix qui veut me faire redire les paroles toutes faites entendues de mes parents « Je te l’avais bien dit ! », « Ce que tu peux être maladroite », « Tu la veux celle-là ? », « Tu t’es fait mal ? C’est bien fait pour toi, je t’avais dit de faire attention ! », j’en passe et des meileures…

    Alors merci pour ce billet, et merci à tous ces parents inspirants que je lis sur le net pour trouver des ressources afin de ne pas faire vivre à ma fille ce que j’ai moi-même vécu, et dont je me remets lentement.

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